26/08/10

Recueil de reflexion sur la mixite sociale

Pourquoi ce débat sur la mixité sociale ?
Tout simplement parce que la question de la mixité sociale depuis 10 ans pollue toutes les tentatives véritablement critiques sur le monde de l’éducation, et empêche toute émancipation de critique nouvelle .
Le débat sur la mixité sociale n’est ni plus ni moins qu’un débat sur la productivité et la compétitivité. Notre volonté est plutôt d’extraire l’école de ce schéma et passer d’une école de la compétition pour tous à une école de la réussite et de la formation pour tous.
Une école libre des aléas de la production, une école qui admet l’erreur et l’introduit comme une valeur positive dans son processus d’apprentissage, une école qui n’est pas décalquée sur le modèle industriel, une école qui donne le temps aux enfants d’apprendre, une école ouverte sur un autre modèle - moins entrepreneuriale et plus humaine. Bref, une école où la santé et le bien-être de l’humain est au centre des préoccupations.

Le pari civilisateur de la mixité sociale

Universaliste ou différencialiste
« Comment savoir si certaines demandes sont émancipatrices ou régressives. Au nom des résistances à l’impérialisme, des militants amalgament l’universalisme avec une forme de néo-colonialisme. Au nom de la lutte contre les discriminations, certains voudraient établir des catégories « ethno-raciales ». Au nom de la « diversité », on cultive ce qui divise, au nom de « l’authenticité » on réhabilite l’exotisme - cette façon résolument anti-universaliste de percevoir l’autre comme un objet de curiosité et non comme un semblable potentiel. Prises une par une ces concessions peuvent avoir l’air éparses ou isolées. Mises bout à bout, elles forment le canevas d’une renonciation massive »
Caroline Fourest

Quel rapport avec la mixité sociale ?

L’histoire a prouvé, et prouve tous les jours, que le différencialisme, cette façon de considérer l’autre comme différent au point de lui appliquer un traitement ou un jugement de valeurs différencié, conduit inévitablement à l’inégalité.Il n'est pas si facile de bâtir des ponts entre individus aux multiples origines dans une perspective libérale multiculturaliste. Cela ne sert d'ailleurs rien ni personne, croit Adeela Arshad-Ayaz, professeure à Concordia et théoricienne critique du postcolonialisme. «La célébration de la diversité ne fait que renforcer les stéréotypes», conclut-elle sans équivoque. «Le cadre libéral et multiculturaliste est une version dépolitisée qui tend à préserver davantage les inégalités qu'à les détruire.»
Mais voilà que le culte de la différence revient sous le visage plus avenant du multiculturalisme, de la diversité, des inégalités justes, des discriminations positives. Aucun secteur n’échappe à cette offensive même pas le monde de l’éducation. Faire pénétrer dans l’école et dans les consciences la différence par la mixité sociale c’est courir le risque d’introduire les différences économique, culturelles, ethniques et religieuses, une arme a double tranchant. Au Ruwanda cet ethnisme militant déguisé en mixité sociale et transformé en quota dans les administrations, les écoles et les emplois, fondé sur le fichage ethnique a débouché sur le génocide que nous avons connu.
Pourquoi ne pas plutôt introduire dans l’école la notion de droit universel ou de démocratisation de la réussite pour tous. Au nom du niveau qui baisse dans nos écoles et pour endiguer la ghettoïsation, on veut introduire une proportion de mixité sociale pour relever le QI de nos migrants - idée qui parait faire l’unanimité de nos expert mais qui n’est pas nouvelle dans les pays anglo-saxons. Aux Etats-Unis, pour créer de la mixité sociale - terme utiliser pour légitimer les différentes classes sociales – on faisait venir par bus entiers (bushing), dans les écoles ghettos, des blancs pour créer des classes hétérogènes. Le blanc devait évidement sauver le noir de son inculture.
Ce romantisme pédagogique emprunté au néo-colonialisme a bien heureusement eu une durée de vie limitée. De-ci de-là on entend quelques experts, la main sur le cœur, voulant réhabiliter en Europe cette méthode du siècle passé. Pourquoi introduire à l’école ce qui nous divise, pourquoi introduire le loup dans la bergerie publique quand on connaît les résultats de ces politiques de mixité sociale dans l’urbain qui ont été contre-productive, pourquoi vouloir absolument les introduire dans le monde de l’éducation ? C’est effectivement jouer avec le feu.
Il fut un temps, pas très lointain, où les curés avaient cette mission « civilisatrice » dans les pays colonisés. Tous ces concepts revisités tel que le particularisme, le culturalisme, le différencialisme, sont dans l’ère du temps, paraît-il, bref on cultive ce qui nous sépare l' école a toujours séparée les enfants par ces filières et ces hiérarchies aujourd'hui on introduit les catégories et les composante culturelle se qui ne vas pas diminuer mais augmenter la confrontation,les division et la compétition . Le résultat de cette logique c'est que l'école est de plus en plus violentes et anxiogène pour nos jeunes.

La mixité sociale, notion floue ou concept valise comme le précise Françoise Noel chercheuse a ULB, « il n’y a pas dit-elle de vrai contenu dans ce concept ».
Cette notion est une porte ouverte à toutes les dérives, ce qui ne tarde pas à se vérifier sur le terrain. On introduit subtilement la notion de classe sociale, ethnique et religieuse dans l’enceinte scolaire par les proportions et les quotas. Si cela n’a aucune influence véritable sur l’école dans sa globalité,
comme le précise Marie Duru Bellat « au total, l’effet du school-mix apparait systématique mais a nuancée quantitativement modeste »,
en revanche cette notion envoie un message négatif à la société : mettre l’accent sur ce qui nous divise. La mixité sociale c’est effectivement tout et n’importe quoi, c’est prendre le risque d’ouvrir l’école à toutes sortes de prescriptions qui n’ont rien à voir avec la formation, ce qui est déjà partiellement le cas dans les écoles.

« Anglo-saxonne, la mixité raciales imposée aux écoles anglaises en Angleterre : cette recommandation officielle amène le ministre des écoles à demander aux écoles huppées et blanche de se jumeler avec une école populaire et basanée. La mesure concerne 2 % des établissements secondaires et 5 % des écoles. L’Express du 14juin 2007. »

Les exemples de ce type sont actuellement légion, Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas déclaré qu’il faut plus de diversité et de mixité dans les écoles. Il demande que les classes préparatoires comportent 30 % d’élèves issus des minorités contre 23 % aujourd’hui,

« Enseigneon.be le 22/8/2010 titrait : l’école flamande encore plus flamande a Bruxelles, pour garantir l’accès au néerlandophone et favoriser la « Mixité sociale » un véritable filtre anti francophone serait placé. Raison officiel invoqué garantir au Néerlandophone un accès a leurs écoles. Dorénavant 55% des place serait réservée au Néerlandophone, trop de place son « trustées » par les Francophones. »

les quotas sont une manœuvre de gesticulation plus qu’une vraie politique. On pourrait effectivement, par le biais de la mixité juste, proposer des quotas de toutes sortes et de toutes natures, bref une école des « accommodements raisonnables » de moins en moins universelle,cet a dire qui transcende les particularité pour aller ver des valeur commune .
Ouvrir une brèche par le biais de la mixité sociale dans nos écoles publiques au catégorie et composantes culturelle , c’est introduire des quotas, des proportions et des seuils, c’est racialisée le débats et c'est également introduire tout un appareillage super sophistiqué d’évaluations pour régler ces quotas qui non absolument rien à faire dans l’école. Cette machinerie bureaucratique supplémentaire va encombrer plus l’école qu’elle ne l’est déjà. Les différents décrets « mixité » en Belgique ont créé plus de pagaille qu’ils n’ont réglé de problèmes, et il n'ont crée aucune mixité sociale.

"N Hirtt:En revanche je ne pense pas et Madame Simonet l'a d'ailleurs implicitement reconnu dans l'interview il y a quelques minutes. Je ne pense pas que ce décret mixité aura crée beaucoup de mixité sociale .Pour crée de la mixité sociale ,il faut aller beaucoup plus loin que cela ."
Nous somme effectivement d'accord avec se point de vus ,in fine c’est également devoir accepter que ces différents particularismes ,s'approprie de l'espace réservé a la formation . Le fanatisme peut facilement s’engouffrer dan cette brèche ouverte. La spirale de différenciation qui s’est emparée de l’ensemble du système éducatif menace en fait l’idée-même et universelle d’un bien commun. Comment trié, et qui va trier, ce qui relève de l’enrichissement culturel et ce qui relève de la régression en termes de valeurs communes. La couleur ni les categories sociales ne doivent hêtre des critères pour acsédèe a une école commune,le problème n'est pas dan la population qui fréquente une école mais dan la façon de géré la formation de cet population dan l'école .
Par ricochet, cette porte ouverte fragilise plus qu’elle ne renforce la cohésion sociale. Au nom de la diversité culturelle, économique, ethnique et religieuse, des politiques cultivent le droit à la différence contre le droit universel d’égalité, d’équité et de progrès social.
Pourquoi au nom de la tolérance ou de la diversité devrions-nous légitimer les différences économiques et sociales, voire les différents fanatismes dans nos écoles. La mixité sociale existe mais elle ne se trouve pas dans la proximité géographique, ni dans les différents particularismes, qu’ils soient culturels, économiques ou religieux, des uns et des autres, mais dans l’équité et les droits égaux pour tous. Dans le cadre scolaire cela doit obligatoirement passer par la démocratisation de l’accès mais plus encore par la démocratisation de la réussite pour tous. Ce n'est pas en met ans l'accent sur le trop ou le trop peux de concentration d'une population qui fréquente une école qu'on réglera le problème de la formation de cette population. Cette façon de procédé est un miroir au alouettes et une arme a double tranchant

Mixité sociale et méritocratie

La mixité sociale renforce la méritocratie

L’école commune d’aujourd’hui est communément appelée « méritocratique » parce qu’elle offre les même chances d’accès à tous, ce qui n’exclut pas qu’une fois à l’intérieur de ses bâtiments si développe une compétition, un tri et une sélection acharnée. L’école est-elle un facteur d’ascension sociale ou sert-elle à faire croire que nous méritons notre place ? Comment concilier égalité des savoirs et méritocratie ? On ne le peut pas. La méritocratie et l’égalité sont inconciliables, ce sont deux principes opposés et il faut nécessairement choisir. Le comble de la perversité étant de choisir la méritocratie en faisant semblant de désirer l’égalité. L’école reproduit les hiérarchies sociales, les confirme, les légitime. Ce n’est pas une école de l’égalité mais de l’inégalité, rebaptisée « égalité des chances ». L’idéal méritocratique n’est qu’un instrument illusoire de justice sociale, impliquant la négation de l’idéal égalitaire au fondement des démocraties modernes.

« Marie Duru Bellat : La notion de méritocratie suggère que le système scolaire offre des chances égales à tous, dont chacun pourra tirer parti selon ses mérites. L’égalité des chances, ce sera essentiellement une égalité d’accès à l’école et d’accès à des ressources d’égale qualité, laissant s’exprimer une concurrence loyale et se déployer des inégalités d’un autre ordre, des inégalités de talent, de motivation. Or, derrière l’égalité des chances, le modèle de la sélection naturelle n’est jamais bien loin. »

Système qui s’apparente à celui que nous connaissons bien : la compétition sportive.
Au départ tous les coureurs sont sur la même ligne, les capacité et les aptitudes naturelles doivent faire la différence pour le podium, seul les trois premier seront élus. C’est exactement ce qui se passe dans l’école, tous les enfants ont le droit de s’inscrire à l’école mais seulement 3 % des enfants de la classe ouvrière iront à l’université. La courbe de Gauss va naturellement agir dans chaque classe en éliminant au fur et à mesure les moins productifs ou ceux ayant les moins bonnes aptitudes et attitudes à progresser dans la compétition scolaire. Dans la communauté turque de Bruxelles, considérée comme une des plus défavorisées, voilà ce que la méritocratie et cette courbe de Gauss génère : 1/4 des jeunes de 14 à 18 ans n’ont pas le certificat d’études primaires, 60 % des jeunes en secondaire sont en professionnelle, 25 % des jeunes Turcs obtiennent un diplôme d’enseignement secondaire inferieur, 1/3 maximum obtient un diplôme d’enseignement secondaire supérieur, 1 sur 50 accède à l’enseignement supérieur, 1 sur 100 en sort diplômé. La compétition aura pratiquement éliminé tout le monde. Pour améliorer la qualité de la compétition on vient de trouver une nouvelle parade : la mixité sociale.
Nous avons très largement, depuis 1945, démocratisé l’accès à l’école mais nous n’avons pas démocratisé la réussite dans l’école. Certains, constatant aujourd’hui cet échec, se disent que le plus simple serait de revenir sur la démocratisation de l’accès en mettant l’accent sur la diversité. Ce qui de facto et mécaniquement, entrainerait une élévation de niveau, ce n’est pas très compliqué, ce n’est qu’un simple problème de vases communiquant, la magie de l’hétérogénéité fera le reste. Cette mixité sociale doit permette à un peu plus de monde de rentrer dans la compétition. Le système sélectif actuel crée une trop grande homogénéité des classes de niveaux et sur le plan international la Belgique perd du terrain sur le plan compétitif. La mixité sociale doit garantir une meilleure qualité de la compétition au sein des écoles Belges pour que la Belgique retrouve une place de choix dans la compétition internationale. En somme, ce que la mixité sociale nous propose à moindre frais c’est de mélanger plus les différentes cultures, religions et classes économiques pour que la compétition soit plus attrayante. En définitive, ce qu’on nous propose ce n’est pas l’égalité d’accès plus l’égalité de réussite pour tous, mais une mixité sociale qui doit comme maximum possible former une frange limitée de la classe populaire, ethnique et religieuse au néolibéralisme, à la cogestion et à la compétition, l’élite doit naturellement émerger de cette mixité dans l’urbain et dans l’école.
Nous avons atteint le top de ce qu’ils peuvent proposer : une vision élitaire de la démocratie libérale, le néo-élitisme en guise d’équité. Il faut capter les nouvelles couches élitaires pour s’assurer une paix sociale et garantir le soutien de cette élite au système en général et à la compétions en particulier.

« Agora vox démocratie entreprise 2 janvier 2010:La polémique sur les quotas d’entrée aux grandes écoles fait rage. La vraie question posée est la suivante, un pays qui compte 65 millions d’habitants peut-il recruter ses élites dirigeantes dans les 10% des catégories sociales les plus favorisées ? Comment faire face à la compétition mondiale des cerveaux avec une base sociale aussi étroite ? »

Les effets pervers de cette approche c’est l’augmentation de la confrontation, ce seront les moins bien armés et outillés pour affronter cette confrontation qui vont encaisser les préjudices de cette opération. L’installation de la mixité sociale dans chaque classe et école permet certes de modifier quelque peu la cartographie de ces classes et de ces écoles à l’entrée mais il n’est pas du tout avéré que cela permette de changer quoi que ce soit au modèle élitiste actuel de l’école, cette mixité peut s’avérer dramatiquement contre-productive si rien n’est fait à l’intérieur des classes et des écoles pour limiter le tri massif généré par la compétition. Les personnes socio-économiquement les plus pauvres et moins bien armées pour affronter ces écoles devront être prisses en considération dans les classes et dans les écoles pour que le système fonctionne. Il faudra faire quelque chose de plus avec ces enfants pour créer ces échanges, il faut donc faire quelques chose avec eux et poser les jalons d’une probable réussite, organiser des activités, éviter de créer des tensions entre bons et mauvais élèves. Si on ne le fait pas on va droit dans le mur,
« certain directeur disent que le taux d’échec a augmenté en premières secondaires depuis l’instauration des décrets : Le soir .be vendredi 20 aout 2010 »..

Dans l’école cela devrait commencer par rendre inopérant les réseaux qui divisent. L’obligation devrait exister pour toutes les écoles de soutenir tous les enfants, en éliminant tout ce qui exclut, qui trie, qui relègue.
Passer de l’école de la sélection précoce à l’école de la formation intégrale pour tous.
Notre enseignement n’est malheureusement pas prêt à faire ce sacrifice. Il opte résolument pour la courbe de Gauss. Endiguer la compétition par la mixité sociale est un non-sens puisque cette notion ne prétend rien changer dans le fond avec ou sans mixité.
L’école reste profondément injuste puisque fondée sur le mérite et non sur la justice, le droit et l’équité. Vouloir plus de diversités à l’entrée des écoles et légitimer la ségrégation à la sortie de ces mêmes écoles est le seul et unique mur ou vient se fracasser la mixité sociale. La nous touchons le fond et la racine du débat, la mixité sociale ne prétend rien changer au système, voire légaliser et légitimise les inégalités. Le but in fine de la mixité c’est de faire accepter par tous que les individus sont inégaux.

Mixité sociale comme remède au marché scolaire ?

Les marchés scolaires : entre slogans et réalités
« Les marchés scolaires » cette notion a été utilisée pour démontrer la compétition qui se joue à l’intérieur de l’école variable et multiple.

« Le marché scolaire est souvent utilisé de manière péjorative. On en fait un usage idéologique de l’expression, pour décrire les formes variées de compétition. Le modèle classique du marché, c’est l’ajustement entre l’offre et la demande, ajustement qui se fait par le prix. L’école dans notre système est censée échapper complètement à ce modèle. Ces ajustements se font par la qualité. Attention donc au discours idéologique lorsqu’il met en garde contre l’arrivée des logiques de marché. Sachons voir comment elles sont déjà à l’œuvre sous des formes plus variées et moins visibles que les slogans ne le laissent croire » Entretien avec Agnes VanZanten

Ce qu’on veut nous signaler c’est que l’école ne ressemble pas au marché traditionnel avec des parts de marché et du capital privé. L’école à ce jour est financée intégralement par les services publics. L’offre et la demande y est plutôt ajustée par la qualité et la qualité par la compétition. La marchandisation, si l’on peut s’exprimer ainsi, est plutôt le fruit d’une compétition acharnée intra-muros, organisée par les services publics eux-mêmes et qui répond aux nécessités productives de notre système. Les usagés des services publics sont en quelque sorte captif de ce système et n’ont d’autres alternatives que de se plier à cette logique compétitive et sélective, on ne peut absolument pas reprocher aux usagers des services publics de mettre en place des stratégies pour contrer les effets négatifs de la compétition du tri de la sélection et in fine de la relégation. Il est vain de culpabiliser les usagés des services publics, ils ne sont pas responsables du système public, lui-même dominé politiquement et idéologiquement, où la neutralité n‘est qu’un mythe. Le marché tant décrié est organisé à l’intérieur des murs de chaque classe et de chaque école. En permanence, les ressources humaines seront conditionnées pour la compétition, c’est-à-dire évaluer puis sélectionner puis trier ou reléguer dans les différentes filières proposées par le marche interne de l’école. Une organisation bien rôdée et organisée de la même façon depuis plus d’un siècle. Dans chaque classe on organise efficacement l’élitisme par la compétition et la courbe de Gauss, le marché ou quasi-marché scolaire est le fruit intra-muros et pour chaque classe, des mécanisme de compétitivité, de positions concurrentielles et de restructurations incorporées dans le monde de l’éducation, modèle de gestion des ressources empruntées au monde industriel. Pourquoi dès lors culpabiliser les usagers des services publics du manque de cohérence et de la politique de marché imposée par ces mêmes services publics ?

Les familles contre la mixité sociale et pour le marché scolaire ?

Comme nous l’expliquons plus haut, selon nous ce ne sont pas les familles qui organisent le marché scolaire. L’organisation à l’intérieur du système scolaire ne permet effectivement pas de faire autrement. Les familles sont contraintes de déposer leurs enfants, puisque la loi les y oblige, et d’accepter en gros le système de tri, de sélection, de relégation et de compétition qui leur est proposé pour leurs enfants. Les mécanismes du marché organisé par les structures scolaire sont subtils mais terriblement efficaces, ils agissent tout le long du cursus de l’enfant, par la notation, par l’examen et les évaluations certificatives et sélectives, par le conseil de classe et les contrats disciplinaires, par les filières et les paliers d’orientation. C’et tout ce système mis en place qui entérine le quasi-marché en obligeant les familles à s’adapter. Les parents se débrouillent avec les outils à leur portée pour faire face au rouleau compresseur qui n’a d’autre objectif que d’organiser l’élitisme par la compétition. Les familles n’ont effectivement aucun pouvoir, ni sur la programmation, ni sur le volume des programmes, ni sur la pédagogie utilisée, ni sur l’organisation de la classe, ni sur la manière de noter, d’apprécier et d’évaluer. En d’autres mots, sur aucun des paramètres de production et mécanisme de marché organisés par les structures scolaires. La seule marge de manœuvre pour les familles est d’agir à la périphérie de l’école et d’utiliser le seul recours qui leur soit permis : la possibilité de choisir l’accès à l’une ou l’autre structure publique.
Ce choix est effectivement au regard des familles un choix vital puisqu’il détermine le futur de l’enfant. Au regard du marché imposé et des enjeux, les familles organisent minutieusement le choix qui leur paraît le plus approprié. Qui pourrait leur en vouloir, quand on connait les enjeux dramatiques de la compétition ?

Comme le dit Marco Oberti : « ce n’est pas une liberté de choix que les familles revendiquent, c’est une liberté de recours quand les choses vont mal pour leur enfants. »

Cette liberté géographique d’accès est actuellement en sursis et fortement décriée. Il est question de réduire un peu plus ce droit afin que l’école puisse avoir le contrôle total du processus pédagogique, y compris sur l’affectation et l’inscription, bref sur le destin complet des apprenants, l’école a la liberté de choisir le destin de nos enfants, sans que personne ne vienne lui contester ce droit. La seule liberté pédagogique en faveur des familles, dans une école antidémocratique comme c’est actuellement le cas, est justement de retirer ou d’inscrire son enfant dans l’école de son choix. Si l’école ne démocratise pas la réussite pour tous, chacun individuellement a le devoir de protéger son enfant, à plus forte raison si nous avons l’intime conviction que notre enfant est en danger. Il est normal et légitime que les familles exercent ce pouvoir.

La mixité sociale doit réguler la liberté de choix

Une liberté mal comprise : en Belgique les différents décrets mixités n’ont eu que très peu d’influence sur un pourcentage minime d’école - environ 10 % - qui étaient déjà surnuméraires et pour lesquelles ces décrets vont encore aggraver la situation. Pour les 90 % des autres écoles ces décrets non eus aucune influence, du dire même des politiques. Dire qu’il y a peu d’écoles concernées, c’est aussi admettre qu’il y a peu d’écoles ou le décret a servi à quelque chose. La seule chose que ces décrets sont parvenus à faire c’est des classements entre bonnes et mauvaises écoles. Les bonnes, celles qui ont des files d’attente, les autres pas

« Philippe Beague fondation Dolto :je suis assez effrayé de voir que ce qui émeut le plus en cette veille de rentrée est le décret inscription ,alors qu’il ne s’agit que d’un détail dans la problématique de l’école »

Mais il y a beaucoup plus grave derrière ces décrets, si l’affectation géographique contrainte continue à se renforcer, des drames d’une toute autre nature vont se jouer, en fixant définitivement le sort de milliers d’enfants en difficulté pédagogique, dans des choix et des affectations contraints. Les choix contraints ne sont effectivement jamais justes. L’ascenseur social va encore un peu plus se gripper.
Dans les banlieues françaises, l’affectation contrainte a eu des retours terriblement néfaste pour les jeunes parce qu’elle fixait définitivement le sort des jeunes dans ces banlieues.

« François Dubet : la carte scolaire ne marche pas, d’abord dans les grande villes, elle reproduits fidèlement les inégalités entre les quartiers, elle les cristallise et les accroît. »

« Marco Oberti :En ce sens ,et malgré l’objectif affiché de mixité ,la carte scolaire ne fait que valider scolairement la différenciation et les hiérarchies sociales inscrites dans l’espace urbain .Elle renforce la protection des plus favorisée ,fragilise les situation de mixité dans les collèges ordinaire et enfin accentue la relégation et la disqualification des plus défavorisés . »

« Nathalie Mons :Le dogme intangible d’une carte scolaire de fait contournable conduisent a des résultats moyens et a des inégalités sociales bien supérieures a celles que devrait produire cette école républicaine. »

Dans une école anti-démocratique, l’affectation contrainte en vient à peser beaucoup plus sur les élèves les plus défavorisés. La question du nomadisme, c’est-à-dire les enfants qui changent souvent d’écoles est très rependu dans les milieux sociaux défavorisés. Poser la question autour de vous et vous constaterez que cela concerne souvent des familles d’origine modeste comme les enquêtes le précisent.

« Robert Ballion : Le changement de secteur est surtout le fait d’élèves en difficulté. A tous les niveaux et dans les deux sens le taux d’élèves en retard ainsi que le taux de redoublement sont plus élevés pour les élèves qui changent de secteur que pour ceux qui restent. »

En bref toutes les enquêtes prouvent qu’une grande partie de ces enfants hors secteur sont des enfants en difficulté. Le seul recours pour les familles modestes c’est visiblement de changer de structures scolaires quand ils sentent leurs enfants en danger. Confondre cette possibilité à un privilège de classe et vouloir l’abolir en le remplacent par la mixité sociale - et ce qui s’y cache derrière, c’est-à-dire l’affectation et l’assignation définitive et contrainte - est un non-sens et une mauvaise interprétation des privilèges de classe.

« Pour Marie Raynal : la peur des parents face aux problèmes de violence et d’échec. Pour eux, notamment ceux des milieux modestes, l’enjeu est tellement important : l’école c’est la voie du salut; tout ce qu’ils veulent c’est que leurs enfants réussissent. Au moindre signe, ils font de l’évitement scolaire, ce n’est pas spécifiquement à la violence mais en définitive à l’échec que les parents veulent échapper. »

Ne se préoccuper que de quelques privilégiés - qui contournent les décrets imposés, 70 % des enfants sont enregistrés dans leur secteur respectif, et occulter que dans les 30 % restants une grosse partie de ces enfants hors secteur sont dans le privée (20%) et les 10% restants contournent majoritairement du fait de gros problèmes pédagogiques - c’est se focaliser sur le point le moins révélateur des discriminations dans le monde de l’éducation.

Mixité sociale contre privilège de classe ?

Les parents ont tort de refuser la politique de mixité sociale, le législateur a raison de le leur imposer / le vif.be 17/11/2008.

Les quelques parents qui s’organisent en ASBL et qui hurlent pour défendre leur liberté de choix ne font que défendre des privilèges de classe. Dans ce sens la colère des parents n’est pas justifiée. Jean Pierre Kerkhofs solidaire du 17 novembre 2008 décret inscription

Dans le contexte d’une école antidémocratique qu’est ce qui peut être considéré comme un progrès ou comme une régression ?

En quoi la possibilité, y compris en cas de problèmes, d’inscrire son enfants dans l’école de son choix constituerait un privilège de classe, donc perçu négativement ? Et a contrario, l’affectation géographique contrainte ou les quotas « mixité sociale » soient considérés comme un progrès ?
Qui doit définir ce qui est juste ou injuste ? Seuls les « experts » ont-ils ce privilège, où sont les familles dans ce débat ?
Les vertus prêtées à la mixité sociale, c’est-à-dire à l’affectation géographique contrainte ou les quotas dans un espace antidémocratique sont de plus en plus contestées par les spécialistes de l’urbain.
Le sociologue Yves Sintomer quant à lui précise que « la mixité sociale est une notion trop ambigüe pour pouvoir orienter une politique progressiste. »

La mixité sociale apparaît plus comme une politique de régulation des flux de population. Cette notion a plus les apparences d’une contrainte que d’un progrès. L’école passe son temps à externaliser ces problèmes. La majorité des experts s’évertue à chercher les causes de l’échec dans le voisinage géographique. Dans les corrélations de bon ou mauvais voisinage. Pour ces experts régler la question des inégalités n’est qu’une simple question de bon dosage dans l’affectation et la régulation des flux humains. Peut-on considérer cette notion qui légitime les inégalités d’ordre économique et social, et qui comme le laisse sous entendre

Eric Maurin : « n’a pas vraiment fait la preuve de sa vertu, les enquêtes sur le sujet manquent, et il est très difficile d’obtenir des données précises. »

Dans un espace antidémocratique comme celui de l’école, est-ce véritablement un progrès auquel tout le monde doit adhérer ou une contrainte supplémentaire ?

Voici ce que nous dit Eric Maurin sur cette question : « de façon générale le lien entre sélectivité de l’enseignement secondaire et ségrégation scolaire apparaît plus net qu’entre libre choix des parents et ségrégation; les pays où la ségrégation est la plus forte se recrutent non pas parmi ceux qui laissent le moins ou le plus de choix aux parents, mais parmi ceux qui n’ont pas adopté le collège unique et laissent à leurs meilleures écoles secondaires la capacité de sélectionner les élèves dès 10 ou 11 ans comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Hongrie . »

La sectorisation rigide n’est absolument pas une garantie ni de mixité sociale ni de performance supérieure générale. Exemple : la Grèce a adopté une sectorisation plus que rigide dans ses écoles. Elle ne réussit absolument pas dans le classement (PIZA). Elle se positionne comme la plus mauvaise nation, le contraire de la Nouvelle-Zélande qui se classe beaucoup mieux alors que la liberté de choix est totale.
La liberté de choisir une école appropriée pour ses enfants, privilège de classe ou sauvetage démocratique ?
Dans une école antidémocratique, ce qui peut paraître comme un privilège pour quelques experts est en définitive pour beaucoup de familles une possibilité de sauvetage. Quand on assigne votre enfant a un destin qu’il n’a pas choisi, la seule option ouverte même si elle n’est pas toujours efficace est le changement d’école. Les enfants en difficulté sont les enfants qui changent le plus souvent d’école. Des milliers d’enfants sont littéralement broyés dans la course à l’excellence sans aucune pitié; on retrouve tous ces enfants dans différentes filières y compris dans l’enseignement spécial qui touche majoritairement les enfants de milieux défavorisés de toutes origines. Les enfants de familles ouvrières et sous-prolétaires représentent environs 77 % de la population de l’enseignement spécial. Les élèves issus des catégories socioprofessionnelles défavorisées sont majoritaires et surreprésentés dans les types 1 « arriération mentale légère », 3 « troubles instrumentaux » de l’enseignement spécial, 75 % des enfants repris dans ces trois types rejoignent l’enseignement spécial vers 9 ans. Rares sont les enfants qui sortent du spécial avec un CEB, très peu en sorte avec une formation professionnelle reconnue. Quand on connait également le taux impressionnant d’abandon scolaire en communauté française de Belgique

« DH 23aout 2010 : Bruxelles un élèves sur cinq accuse un retard scolaire en primaire, un sur deux en secondaire et prés d’un sur trois abandonne l’école sans diplôme. »

On peut légitimement comprendre l’anxiété des parents pour le choix d’une école et la possibilité d’un choix complémentaire quand il s’agit du sauvetage de leurs enfants.

« Bernard Devos délégué au droits de l’enfants : Selon lui, le système scolaire belge francophone est un « système qui broie » et mène les élèves à la violence. La compétition sur laquelle il s’appuie provoquerait 30 % d’abandon scolaire entre la 3e et la 6e secondaire tandis qu’un seul élève sur dix réorienté vers une école professionnelle décrocherait son diplôme »

Des milliers d’enfants sont tous les ans en ballotement d’une école à l’autre, pas par plaisir mais par dépit. Curieusement ce sont les écoles qui poussent à ce marché au rabais en poussant les enfants vers les filières, le spécial, les formations en alternance, bref vers la porte de sortie, ce contre quoi les familles s’insurgent légitimement. Sur cette question, nos experts si prompts à dégainer le sabre sur des réformes cosmétiques sont totalement absents. Ignoré ce phénomène de nomadisme scolaire pour des milliers d’enfants en difficulté, pour ne parler que des privilèges. C’est ne pas comprendre ce qui accable les familles et ignorer tout de la souffrance des enfants en difficulté.

Parlons-en des privilèges de classe

« En France et aux Etats Unis, les travaux des trois ou quatre dernières années stigmatisent la responsabilité des classe moyennes dans la ségrégation scolaires (formation des élites et ségrégation scolaire) »

Mais tout d’abord de quelle classe parlons-nous ? S’il s’agit de la bourgeoisie, celle-ci est très peu représentée dans les écoles populaires, par contre, si nous parlons de la classe moyenne il faudra mieux la définir.
C’est quoi la classe moyenne ? Ne sont-ils pas tous des salariés ? En tout cas la grande majorité, c’est-à-dire des personnes qui travaillent pour un salaire qui échange leur force de travaille contre un salaire , à ne pas confondre avec les actionnaires des grands milieux d’affaires. Ne sont-ils pas tous touchés par le même mécanisme de dérégulation salariale, par la crise ou par le déclassement ? Depuis plus de trente ans, les salaires - compte tenu de l’inflation - n’ont cessé de diminuer pendant que le PIB triplait. Une accumulation de richesses qui n’a profité qu’aux grands milieux d’affaires. Tous les salariés, quelle que soit leur fonction sont touchés par la diminution des droits et des acquis. Diviser les salariés entre privilégiés et non-privilégiés est une vision erronée qui introduit la division entre salariés en faisant croire que ces divisions sont éternelles et insurmontables. La panique du déclassement est présente chez tous les salariés quel que soit leur poste ou fonction.

« Camille Peugny : Les générations nées au tournant des années 60 sont confrontées aux effets prolongés de la crise économique, font face à une dégradation de leur perspective de mobilité sociale. La déstabilisation des catégories, autrefois considérées à l’abri des difficultés par les classes populaires, s’illustre par de multiples indices tels que la stagnation des revenus intermédiaires, la fragilisation du salariat, le déclassement scolaire des jeunes diplômés et les processus de mobilité sociale descendants. »

Dans ces conditions, les salariés - quel que soit leur poste et fonction -ont effectivement très peur pour eux-mêmes et pour leurs enfants, dans la France des années 2000. Connaître une moins bonne réussite sociale que ses parents n’est plus exceptionnel. C’est une réalité statistique indiscutable.

« Camille Peugny : entre 1983 et 2008, la part des jeunes sortis de l’école depuis moins de cinq ans occupant un emploi stable (CDI) passe de 58 % à 49%. Celle de titulaires d’un contrat précaire de 12 % à 30% »

Doit-on dans ce cas parler de privilège ou de sauvetage dans un système qui n’est pas neutre et qui oblige chacun à positionner le mieux possible son enfant dans la compétition qui fait rage ? Ce sentiment prend racine à l’école ou l’adéquation entre le diplôme et l’emploi est de moins en moins assurée. Les enfants doivent posséder beaucoup plus de diplômes pour espérer retrouver la position de leurs ainés. Cela vaut pour les plus qualifiés comme pour les moins qualifiés. La ou le père était ouvrier sans diplôme, le fils devra obtenir, au moins, un baccalauréat professionnel pour égaler son père. 44% des jeunes diplômés du supérieur seraient aujourd’hui victime de ce déclassement. Notre société a donné de plus en plus d’importance au diplôme mais ils sont également plus vite déclassés. Face à un avenir des plus incertains, on peut comprendre l’anxiété et l’angoisse justifiés d’une grande partie de la société pour l’avenir de leurs enfants. Dans une situation d’émergence, parler de privilège est parfaitement déplacé. Chaque famille a plutôt l’impression d’organiser le sauvetage de son enfant. Dans une école antidémocratique et élitiste, où les choix internes sont tous arbitraires et imposés, la recherche d’une école de son choix dans n’importe quelle filière est le minimum de protection que l’on puisse attendre de ces parents, ceci n’a pas les apparences d’un privilège mais dans la majorité des cas d’un sauvetage en bonne et du forme. Le choix de l’école est la seule liberté pédagogique aux mains des familles. Vouloir rogner sur le statut de ceux qui ont su préserver quelques avantages est d’une logique contestable et n’améliorerait pas vraiment le sort des autres. Une fois n’est pas coutume voilà ce que nous dit

le Ministre Charles Picqué en Belgique : « Il faut arrêter de culpabiliser les parents, leur aspiration à placer leurs enfants dans de bonnes écoles est légitime. Ils ne sont pas les dépositaires de la mission de justice sociale. C’est le rôle des pouvoirs publics. »

Et comme un commentaire ne vient pas seul …

Ph. Merieux enfonce le clou : « Personne ne peut en vouloir à quiconque de rechercher les meilleurs conditions de scolarisation pour ses propres enfants. Le problème n’est pas d’empêcher les parents d’aller vers ou bon leur semble, c’est de rendre les écoles publiques suffisamment attractives pour qu’ils ne veuillent plus les fuir. »

Mixité sociale à l’école : un débat en périphérie

Ph. Moureaux, Bourgmestre de la commune de Molenbeek, à Bruxelles, lors d’une conférence organisée par une association - le CRI - a dit texto ce qui suit :
« S’il y a des différences entre nos écoles communales, ce n’est pas dus à nos écoles, mais au public qui les fréquente. »

Le problème ne se trouve pas à l’intérieur de l’école mais vient de l’extérieur. C’est la présence trop concentrée d’un certain public qui pose problème, en d’autres termes l’échec n’est pas le produit de l’école mais des populations qui la fréquentent. Le tri, la sélection, la relégation, tous les mécanismes structurels qui produisent l’échec et le décrochage scolaire sont placés hors du champ de réflexion, les inégalités sont produites directement par la population. Voilà une bonne façon d’externaliser le problème. Moureaux utilise de façon implicite la philosophie de la mixité sociale pour se défendre. Un brassage harmonieux des populations réglerait le problème des écoles de sa commune. Ce tour de passe-passe le soir du débat a permis de détourner l’attention du public des vrais problèmes de l’école sur des problèmes périphériques. Cette façon de procéder est très pratique et ne nécessite pas beaucoup d’investissements. Il suffit de dire le problème n’est pas chez nous, il est chez vous. Une façon de plus pour signaler que la notion floue de mixité sociale peut être utilisée comme un piège et de façon régressive. Débattre à la périphérie n’est pas nouveau chez les experts du monde de l’éducation, le coupable est toujours dans le voisinage, les sauvageons, turbulents ou hyperactifs, parents démissionnaires ou inciviques ou population trop colorée ou concentrée. Bref l’opération est simple : externaliser tous les dysfonctionnements de l’institution scolaire pour qu’ils soient traités à l’extérieur. Tout ce qui se fait dans l’école est correct mais constamment parasité par des populations inadaptées. Par exemple la politique de mixité sociale c’est considérer que c’est les populations qui créent leurs problèmes et en sont responsables, la question épineuse du contournement permet une diversion à bon compte de l’école en se déchargeant des problèmes structurels de l’enseignement sur les familles. Le schéma proposé est le suivant : externaliser la réponse à donner au problème scolaire, ne jamais remettre en cause ce qui produit de l’échec dans l’école (le tri, la sélection, la compétition, la relégation, le redoublement pierre angulaire et socle de base de notre projet éducatif) non il faut trouver le coupable à l’extérieur. Et c’est toujours d’actualité, c’est pour ne pas toucher à l’acte pédagogique lui-même que notre société développe à la périphérie une multitude de prothèses qui permettent de ne pas interroger ce qui au cœur du processus pédagogique produit de l’échec. Si nous voulons réellement transformer la démocratisation de l’accès en démocratisation de la réussite, c’est en travaillants sur le cœur des pratiques par lesquelles nous transmettons les savoir qu’il faut commencer. Que peuvent les valeurs induites ou supposées de l’hétérogénéité ou de la mixité sociale dans une école totalement imperméable dans la pratique à ces valeurs.

« Michel Simonis :Dan nos écoles les potentialités des élèves se retrouvent freinées ou bloquées tout au long de la scolarité . L’école, fonctionne comme un entonnoir. A la sortie, vers 18 ans, seule une minorité a acquis le stade de l’intelligence formelle, celle qui permet de penser sur sa propre pensée. La plupart des autres ont été arrêtés au stade précédent ou largués en cours de route. »

Dans des classes qui fonctionnent en circuits fermés où les cours se donnent de façon magistrale Dominant / Dominé, où la communication entre élèves est interdite sous peine de sanction, où chaque élèves doit se débrouiller seul sur son pupitre, l’école n’est plus depuis bien longtemps mutualiste et les cours magistraux, le temps et les programmes cloisonnent plus qu’ils ne favorisent l’échange.
Que peut cette valeur supposée contre la réalité du système ? Pas grand chose.
Qu’on nous explique à quel moment le miracle de l’hétérogénéité se produit-il.
De plus selon les enquêtes

« Patricia Gambert et Jacques Bonneau : la gestion de l’hétérogénéité est ce qui pose le plus de problèmes au professeur. Vient en second la lourdeur des programmes et en troisième place la difficulté à atteindre les objectifs de travail dans le temps prévu. » (enquête DEPP)

S’il faut plonger, plongeons et élargissons le champ de réflexion au cœur du débat pédagogique aux sources des inégalités, que peut faire la mixité sociale contre le tri la sélection, la relégation, le redoublement et la compétition dans nos école : rien. Encore plus de tri de sélection et de compétition mais cette fois plus hétérogène. Que peut faire cette mixité contre la constante médicalisation des problèmes pédagogiques ?

« Philippe Merieux : « Nous sommes dans une forme d’évolution de notre système éducatif social dans son ensemble qui est menacé d’être totalement phagocyté par un modèle médical. » (débat 8/2/2008 PRISME) »

Que peut faire la mixité sociale dans une classe ou chaque enfant doit seul sortir son épingle du jeu ? Où la mutualisation est interdite et où chaque enfant sera placé dans une tranche de la courbe de Gauss et responsable unique de ses erreurs et de ses problèmes.

Que peut faire la mixité sociale dans une classe où les erreurs ne servent pas à la formation mais à la notation qui sanctionne ?

Que peut faire la mixité sociale face à des mesures d’orientation et de relégation contraintes non choisies par les enfants et leurs familles ?

Que peut faire cette mixité contre l’introduction dans nos écoles des méthodes de rationalisation empruntées au modèle industriel pour augmenter sans cesse la qualité et la quantité de production des apprenants bien souvent au dépend de leur santé ?

Patrik Traubes : « Les chiffres de l’OMS, Organisation Mondiale de la Santé, l’indiquent les enfants présentent de plus en plus de symptômes d’angoisse et des signes de dépression, les rythmes scolaires ont changé et la pression est plus forte. »

Que peut faire la mixité sociale contre l’introduction de méthode sécuritaire de plus en plus prégnante dans nos écoles : contrats disciplinaires, conseil de classe, cameras, fouille à l’entré (proposition qui vient de faire son apparition en France), détection dès l’âge de 3 ans des enfants déviants susceptibles de devenir de futurs délinquants, vigiles, points de contact police écoles, retrait des allocations familiales, écoles de caïds ou militaire ?

Que peut faire la mixité sociale contre la surcharge des classes et des écoles ?

Que peut faire la mixité sociale contre l’inflation et la dominance quantitative du temps scolaire contraint a l’extérieur de l’école (les enquêtes prouvent que l’ensemble du temps consacré à l’école dépasse celui des ouvriers consacré à leur emploi) ?

Que peut faire la mixité sociale contre l’inflation et le marché des cours particuliers ou contre des choses aussi simples que le poids du cartable ?
RIEN !
ABSOLUMENT RIEN !
La panacée s’avère être un remède plus qu’avarié, le roi est complètement nu. Ce n’est pas parce qu’une idée semble aller dans le sens commun que pour autant elle est réalisable. Marx disait « ce n’est pas la conscience qui détermine la vie mais la vie qui détermine la conscience ». Dans ce cas-ci la conscience s’est complètement appropriée du débat sans pour autant avoir de connexion avec la vie. Tous les enfants peuvent réussir. Foutaises, nous en somme toujours à penser qu’une forme de déterminisme est inéluctable et la relégation une obligation, éliminer la constante macabre (les évaluations pénalisantes) et toutes les sanction dégradantes n’est absolument pas à l’ordre du jour, amener tous les enfants à leur épanouissement intégral, faut pas rêver.
En attendant une hypothétique révolution du monde éducatif nous sommes contraints de plancher sur des polémiques et des réformes cosmétiques avec une règle ou un mètre ruban à la main pour mesurer le QI de nos enfants et le taux de mixité sociale dans nos écoles. Cela fait parler beaucoup, cela fait écrire beaucoup mais cela ne change rien du tout. La seule vraie raison de la dualisation dans l’école est l’échec scolaire et pas les populations qui la fréquentent. En somme, la dualisation et la ségrégation est une conséquence de l’échec et pas le contraire.

Jean-Pierre Terrail : « L’intelligence abstraite pour s’en tenir à cette catégorie du vulgaire n’est donc pas l’apanage cognitif des enfants de milieux favorisés. Dit autrement les compétences génériques de tous les enfants sont suffisantes pour accéder aux premiers apprentissages des genres savants. »

Quand un système ne veut pas toucher à ce qui génère l’échec, il empile une multitude de réforme marginale susceptible de réparer quelques dégâts mais ne touche en aucun cas au cœur du dispositif qui génère l’échec.

Mixité sociale ou contention sociale ?

Mixité sociale et carte scolaire sont devenues les nouveaux outils de la contention sociale ou du seuil de tolérance. Toutes ces expérience se sont développer préalablement dans l’urbain avec des conséquences toutes contraires au but recherché, les idéologies dominante sont les idéologies de la classe dominante.
Les résultats de la mixité sociale dans l’urbain : le but des différents décrets et de ses corolaire, à nos yeux, est de réintroduire sur les populations concernées des notions de seuils, de quotas, de proportions, pour limiter, dissoudre, rendre plus transparent, voire blanchir des zones géographiques trop foncées par une collaboration de classes, décréter et imposer. Le but de la mixité est dans ce cas non pas l’éradication de la pauvreté mais la dilution géographique et l’éparpillement de la pauvreté. Tout le monde doit accepter de collaborer à cette mascarade. C’est pour le bien de tout le monde. Il faut impérativement récupérer le contrôle de zones devenues homogènes par la force des choses et les rendre hétérogènes en saupoudrant des quotas, des seuils et des proportions. Cette notion de collaboration de classes doit garantir la paix sociale.

Nicot Hirt : « Bien sûr, la composition sociale moyenne d’une école de Lasnes ne sera jamais la même qu’à La Louvière; mais l’important est d’éviter la formation de ghettos. Il y a des pauvres à Lasnes et des riches à La Louvière et il ya des classe moyennes nombreuses dans toutes les régions de Belgique. »

Voilà comment nous devons procéder, nous allons débusquer les classes moyennes là où elles se trouvent et les envoyer dans des écoles, des classes ou des quartiers, qui ressemblent à des ghettos. Mélangez-vous nous disent ces experts, entre salariés toutes professions confondues. Faites de même pour vos enfants, n’adoptez pas un comportement incivique, de toute façon la loi sera là pour vous contraindre à le faire si besoin est. Les salarié devront se partager la pénurie de moyens, la misère, les espaces et les problèmes avec les migrants et les primo arrivant . Mélangez-vous nous disent ces experts, cela rendra les problèmes qui accablent la société moins visibles et du même coup il se pourrait qu’on sauve quelques migrants et primo arrivant. Et pour clôturer le tout, la paix sociale sera peut-être au rendez-vous.
Nous devons recoloniser les lieux et les endroits perdu et faire œuvre civilisatrice en apportant la civilisation chez l’autre, au besoin par la force, attention les missionnaires sont de retour.

Alexandre Achrafieh : « critique l’utilisation du concept de mixité sociale dans la politique de la ville. Cette conception est souvent élitiste et gestionnaire, et considère que seules les classes moyennes fournissent un apport culturel et social intéressant à la vie d’un quartier. La politique de la mixité sociale est poursuivie dans l’espoir qu’une dilution du nombre de non-blancs réduira la possibilité de révoltes. »

Diversité sociale, équilibre social et mixité sociale dans la bouche de nos experts n’est ni plus ni moins qu’une simple question de régulation des flux humains. On veut par la contrainte clairsemer des endroits trop foncés, la peur des banlieues est bien présente dans l’esprit de nos spécialistes. Paradoxe : quand les riches s’implantent dans les quartiers pauvres on appelle cela de la mixité sociale, quand les pauvres s’implantent dans un quartier riche on appelle cela de la paupérisation. Toutes les classes moyennes doivent participer à cette croisade. La République est en danger. Les ghettos grignotent de plus en plus de territoire, la situation peut devenir à tout moment catastrophique voir explosive, la République doit se réveiller, il nous faut un nouveau plan d’émergence patriotique « mixité sociale » et se réapproprier les quartiers et les écoles perdus.
Tout ceci est probablement un peu exagéré pensez-vous. Nous pensons au contraire que nous ne somme pas très loin de la réalité.
Quelle autre solution s’offre à nous ?
Allons nous rehausser le salaire des plus pauvres et le mettre au niveau des salarié les mieux rémunérés ?
Bien sûr que non.
Allons-nous démocratiser la réussite pour tous dans l’enseignement et faire en sorte que tous les enfants puissent réussir ?
Bien sûr que non.
Donc il nous reste l’option de la mixité sociale pour limiter les dégâts. Cette révolution cosmétique va apporter quelques désagréments pour les salariés obligés de se mélanger avec les plus démunis, mais ce concept est une véritable aubaine pour la société qui ne devra ni toucher à son système économique ni à son système pédagogique. En somme une véritable révolution orange.

Abdel Fattah Touzri : « Comment d’écrire, mesurer et évaluer ce processus ? La mixité sociale est avant tout un projet politique, elle est supposée avoir des vertus préventives et curatives si on agit sur l’espace. On règle les problèmes sociaux, dès lors l’objet de la mixité n’est pas de redonner du pouvoir aux habitants ni de les outiller pour sortir de la précarité. L’installation de ménages à revenus moyens permet certes de modifier la cartographie sociale mais, il n’est pas avéré que cela permette de changer le statut social des populations précarisées. »

En somme, on propose comme maximum possible une réforme qui doit clairsemer les quartiers trop foncés à travers une collaboration de classe artificielle. Il faut éparpiller la pauvreté, au besoin la réguler par des quotas.

Hacene Belmessous : « le concept de mixité sociale ne traduit pas la volonté de mettre fin au fait qu’il y ait des pauvres et des riches, mais le fait qu’il faille les faire coexister pacifiquement. C’est une résignation qui trahit le renoncement à combattre l’inégalité. Il s’agit bien de réaliser une gestion harmonieuse de la misère. »

La mixité sociale est un bel outil politique - teinté de radicalité progressiste - qui en définitive n’est qu’un simple outil de régulation des flux humains. Le problème c’est que cet outil de gestion a une fâcheuse tendance à mettre en difficulté les plus précarisés. En devenant très vite un outil de contention, utilisé pour limiter les migrants dans certaines villes (Autriche) ou dans certains quartiers (France), voire un mécanisme de déportation déguisée comme le bussing (USA) introduit en 1973 le résultat fut désastreux dans les écoles ou en Finlande où ce sont les conservateurs qui ont mis en place ce système. A l’époque, l’augmentation des prix au cœur d’Helsinki poussait les ouvriers vers les banlieues raconte Mikael Sundman, architecte au bureau d’Helsinki, tandis que les entreprises au centre ville avaient bien du mal à leur faire faire une heure de trajet. C’et donc pour satisfaire les patrons qui ne trouvaient pas de main d’œuvre que l’on a instauré ce système. Pareil pour les bands en Angleterre : politique de quotas équilibrés dans les écoles. Utilisée comme numerus clausus ethnique au Rwanda avant le génocide.
La mixité sociale est un bel outil politique qui se retourne exclusivement contre les personnes qu’elle est censée servir. Lle cynisme de cette philosophie est tellement énorme que chacun prétend ne pas le voir et préfère continuer à traiter le symptôme plutôt que la cause.

Pierre Tévanian et Sylvie Tissot : « la concentration de population à problèmes c'est-à-dire des pauvres et des émigrés dans des territoires nommés quartiers sensibles est en effet présentée comme la source de tous les maux. Et à ce diagnostic est souvent opposée une solution miracle, la mixité sociale, née en mars 1972 d’une circulaire d’Olivier Guichard alors ministre de l’aménagement du territoire. L’idée n’est pas de faire reculer l’inégalité en s’attaquant à l’organisation du travail dans les entreprises, renforcer le droit du travail au lieu de le détruire, cesser de défiscaliser les entreprises, enrayer les exonérations de cotisations, mais de disperser les concentrations de pauvres en démolissant les cités et en n’en relogeant qu’une partie, les autres vont plus loin, ou de les diluer en mélangeant les classes dangereuses avec des classes moyennes sages, soumises, intégrées par le rapport salarial. »

In fine, pour s’attaquer au vrai problème de la ségrégation, de plus en plus de spécialistes nous proposent de ne pas se limiter à des revendications pour plus de lieux communs, mais de se battre pour des revendications claires pour plus de droits communs. Si cet instrument de régulation n’a pas donné de résultats dans l’urbain, par quel miracle fera-t-il beaucoup mieux dans le monde de l’éducation ?

Mixité sociale et utilitarisme

Une grande partie des travaux de recherche dans le monde de l’éducation s’est souvent arrêtée à l’analyse des discours et aux méthodes de production pédagogiques de l’apprenant. L’objectif de toutes ces recherches a toujours eu comme centre de gravité l’amélioration de la qualité et de la quantité de production de l’apprenant.

L’utilitarisme reste le cœur du processus pédagogique. Comment utiliser au mieux les ressources humaines, pour produire toujours plus et mieux, ce que l’on nomme dans le secteur pédagogique par production « de l’excellence ». Ce qui signifie essentiellement que la production pédagogique doit s’adapter au marché du travail et se propulser dans la société du 21ème siècle, dans l’économie de la connaissance. L’idée commune est qu’éduquer doit dorénavant viser la construction d’aptitude générale à agir efficacement. L’efficacité, valeur en provenance de l’économisme, est désormais placée au cœur de la question pédagogique comme la valeur centrale. Tout le processus de production pédagogique tourne autour de cette valeur centrale. Produire toujours plus, plus vite, mieux et au moindre coût. S’adapter au marché en mutation permanente, ce qui valorise plus que jamais le savoir dans une compétition qui se veut mondialisée. Compétition productive entre tous les secteurs du monde éducatif, entre écoles, entre prof et entre élèves. Tout doit être mesuré, normalisable pour servir la compétitivité et l’efficacité éducatives. Les évaluations sont organiser comme des centres de contrôle de la mesure, ce processus de production est devenu incontournable, omniprésent et multiforme, tant sur la mesure de l’acte que sur les aptitudes de l’être à produire. En somme, toutes les réformes pédagogique de ces dix dernière années ne sont ni plus ni moins qu’un processus néolibéral tendant à placer plutôt que l’éducation au service de l’homme, le petit d’homme à éduquer au service des besoins de l’économie. Exemple : la pédagogie par objectif ou par compétence utilisée dans l’industrie et introduite dans le monde de l’éducation pour améliorer le rendement des apprenants « Angélique Del Rey à l’école des compétences : appelé outils de gestion du capital humain, il s’agit comme le titre l’indique très clairement, d’un outil à disposition des services de gestion des ressources humaines dans le monde de l’éducation. Ce qui permet à des compétences aussi difficilement mesurables que l’intelligence émotionnelle d’entrer dans le « contrôle de qualité » de l’apprenant. C’est traduire des compétences en comportement observables et mesurables, essentielles à l’évaluation du capital intellectuel des individus » que penser des méthodes globales ou syllabiques pour améliorer la production écrite, pareil pour l’hétérogénéité ou les différents décrets mixité pour améliorer la compétitivité entre allochtones et autochtones. Cette reforme ne diminue en rien la confrontation ou la compétition, au contraire, elle augmente la confrontation en la rendant plus hétérogène. Tous les spécialistes sont d’accord pour que l’école s’ouvre à l’hétérogénéité pour permettre à une plus grande base y compris d’allochtones de s’incorporer à la course à l’excellence. « La thèse est la suivante : les évaluations PISA1, mises en place à l’échelle internationale depuis 2000, mettent en évidence l’archaïsme d’un système français qui produit une masse importante d’élèves en échec, et une élite bien trop faible numériquement par rapport aux besoins en cerveaux de la nouvelle économie. Massifier l’élite et élever le niveau de la masse, comme y parviennent si bien la Finlande ou la Corée du Sud, tel est l’objectif d’une possible réforme, qui parviendrait à concilier justice sociale et efficacité économique » Et que penser de toutes les méthodes et mesures logopédiques orientées presque exclusivement sur la qualité et la quantité de productions écrites de l’apprenant, comme le précise Ewald VELZ - Directeur du Centre PMS d’Andenne : Présentée comme un progrès de la démocratisation, la généralisation de l’obligation scolaire se heurte aux échecs scolaires. Au lieu d’y voir des invitations à corriger le système, comme c’est habituel en science, les planificateurs les imputent aux enfants et à leur environnement. La médicalisation y joue un rôle crucial: «les inégalités de réussite scolaire, note Garcia (2000), sont pensées en termes d’inégalités de talent et les cas les plus manifestes ‘d’échec scolaire’ sont alors résolus par ‘l’invention de l’enfance anormale’». Selon Guichard (2002), «Les difficultés ont été petit à petit considérées comme des maladies. Il y a eu une médicalisation progressive des difficultés scolaires. 85% des consultations dans les CMP [Centres médico-psychologiques] avaient pour cause des difficultés d’origine scolaire. Il y a eu superposition de termes appartenant au domaine du médical et au domaine scolaire : l’élève qui bouge devient un élève instable puis un élève hyperactif. Ce glissement sémantique a eu pour conséquence qu’une confusion s’est peu à peu établie entre les soins et les aides. Les demandes d’aide apparaissent souvent sur le modèle du soin. On tend à cibler la difficulté dans l’enfant lui-même, l’environnement familial étant souvent désigné comme la source des difficultés inscrites chez l’enfant. L’école est de ce fait dédouanée».

Toutes les réformes et mesures prises à l’école sont faites au regard de la production écrite de l’apprenant s’il ne produit pas assez vite, ou si la qualité de sa production n’est pas celle attendue par l’institution, toute une logistique d’outils de contrôles pédagogiques, logopédiques, chimiques prendra le relais pour que le petit d’homme rentre dans la norme. L’exemple le plus flagrant est la banalisation et la généralisation de distribution de produits dopants aux enfants de 6 ans, des millions d’enfants sont sous amphétamine (Rilatine) de part le monde parce que leur agitation et leur manque de concentration ne leur permettent pas une production pédagogique suffisante. Dès lors le dopage est devenu une formule acceptable et acceptée pour que tous les enfants légèrement en retard sur la programmation scolaire puissent atteindre la production demandée. « La ministre des Affaires sociales et de la Santé Publique Laurette Onkelinx a dit au Sénat, en réponse à des questions, qu'elle prépare un plan de lutte contre la surconsommation de Rilatine et d'autres psychotropes prescrits aux enfants souffrant de troubles de l'attention.
La ministre veut aussi dénoncer certaines pratiques consistant à encourager, via l'école, la consommation de Rilatine, sans évoquer les effets secondaires de cette substance utilisée pour lutter contre l'hyperactivité ou les autres troubles déficitaires de l'attention.
Laurette Onkelinx a concédé que des différences régionales étaient observées dans la consommation de médicaments tels que la Rilatine. Elle a souligné que la consommation importante de telles substances chez les jeunes posait question.
Etant donné que la Belgique est située dans le haut du classement en ce qui concerne par ailleurs la consommation d'autres psychotropes tels que des antidépresseurs et des somnifères, la ministre a organisé jeudi une table-ronde avec des représentants du monde médical et de l'Inami. « Tout le monde sait pertinemment que la Rilatine ne guérit pas l’enfant de son hyperactivité, cette molécule chimique est utilisée pour améliorer les prestations de l’enfant dans le cadre scolaire, une simple béquille comme se plaisent à le dire les spécialistes qui touche plus de 26.000 enfants en Belgique. Ce qui est troublant, c’est plutôt cet appel répété à la modernisation et à la performance qui sous-tend l’ensemble des réformes actuelles, de la maternelle à l’université. Dans les deux cas, c’est bien au nom de l’économie de la connaissance, et de ses besoins, que l’on martèle la nécessité de réformer : « les transformations de l’économie exigent des élites plus nombreuses et des qualifications toujours plus élevées pour l’ensemble de la population» (p.14), « système insuffisamment efficace pour former les hommes et les femmes qualifiés dont l’économie moderne a plus que jamais besoin ». La mixité sociale, les discriminations positives, la recherche de plus d’hétérogénéité, sont incorporées dans le calcul néolibéral. Rien de nouveau sous le soleil : il y a fort à parier que l’école de demain, où les petits Français pourront rivaliser avec les Finlandais en matière de tests PISA, ne sera guère autre chose que ce qu’elle a toujours été, une machine à dresser l’animal humain pour qu’il soit parfaitement intégré dans une société de travail. Tant qu’on se concentrera sur le processus de production et pas sur celui qui produit, il n’y aura pas d’émancipation réelle. Celui qui produit n’existe que comme outil ou courroie de transmission. L’humain est invisible, déterritorialisé, utilisé comme outil de production. Ce qu’on nous propose comme progrès éducatif est une vision utilitariste des ressources humaines dépossédée de leur être social. Le bien-être et la santé de nos enfants sont complètement occultés et ne rentrent pas dan le calcul de la production industrielle éducative; toutes les améliorations pédagogiques vont exclusivement dans le sens de l’amélioration du calcul qualité et quantité de la production de l’apprenant, jamais dans le sens du bien-être et de la santé de l’enfant.

Mixité sociale et développement intégral

Le débat sur la ségrégation et la mixité sociale nous a interpelé parce que réduit aux performances des apprenants et jamais à la souffrance des enfants. Les enquêtes nationales et internationales parlaient de la qualité de production et quantité de production atteinte par tel ou tel pays et pas par tel ou tel autre pays . L’aspect de la souffrance des enfants était pratiquement invisible des textes de nos expert de la ségrégation. L’être humain était pratiquement absent du débat, vu comme une ressource humaine et pas du tout comme un être social. Seul l’aspect productif de l’enfant était pris en considération. Les statistiques et les graphiques ne parlaient que des performances et des écarts de performance entre tel ou tel pays ou tel ou tel public : nul en math, nul en culture, nul en français, le niveau trop bas. In fine la seule chose qui intéressait tous nos experts de la ségrégation, du moins dans leur enquête, était la question de la productivité et de la rentabilité des élèves, de leur niveau et de la médiocrité de ce niveau qu’il faut sans cesse remonter. Jamais la santé et le bien-être de ces enfants n’étaient pris en considération dan leur calcul, l’être humain étais pratiquement occulté dans ce débat. On aurait pu faire le parallèle avec les milieux d’affaires se concertant pour améliorer la quantité et la qualité de production de leurs ouvriers en introduisant de nouvelles normes de travail pour améliorer la compétitivité dans leur secteur. Parler de Pisa dans le monde éducatif c’était effectivement faire pénétrer les classements dans ce milieu comme ISO 2000 pour les entreprises - qui est le baromètre des meilleures entreprises.

« La médiatisation croissante de PISA engendre bien des effets pervers et on aboutit à un palmarès plus qu’à des préconisations fondées sur une vraie recherche scientifique. Et le fossé s’accroît justement entre les enseignements scientifiques de ces enquêtes et les politiques qui s’en revendiquent. On voit de plus en plus le glissement d’une classification vers un classement (universités, écoles). CRAP n470 février 2009 »

La mixité sociale introduite comme norme pour améliorer la compétitivité dans le secteur éducatif nous a effectivement très vite interpelée parce que cette notion ne mettait pas l’accent sur les causes qui produisent de la souffrance chez l’enfant - sur les divisions en filière étanche et qui fixent définitivement le futur des enfant ou sur la compétition imposée et permanente inscrite au cœur du processus pédagogique - mais simplement sur les inégalités de production des un et des autres. Cette notion mettait plutôt l’accent sur le retard de production d’une partie des ressources humaines qu’il faut impérativement rattraper, pour être plus compétitif sur le plan international. Le débat sur la ségrégation et la dualisation du monde éducatif n’était ni plus ni moins qu’un débat sur la compétitivité rien de plus. La confrontation et la compétition devaient tout simplement devenir plus hétérogènes et il fallait impérativement introduire dans le monde éducatif des mécanismes d’hétérogénéité comme dan les pays anglo-saxons.

Angela Devisse : « La notion de diversité engendre plus de compétition qu’elle n’en élimine, mélanger des blancs et des noirs doit stimuler la compétition entre ces cultures. Ces notions n’éliminent rien des inégalités, elles sont en étroite relation avec la logique dominante. la compétition à tous les échelons. »

Il nous semblait urgent de prendre le contre-pied de toutes ces propositions qui doivent améliorer la compétition aussi hétérogène soit-elle, pour extraire l’humain de cette confrontation, poussé toujours de plus en plus loin. Les indicateurs de santé mentale et physique chez nos jeunes sont tous au rouge, pourquoi autant de silence sur ce sujet ?

PatrikTraub rappelle son inquiétude : « la pression scolaire et la pression extrascolaire dont sont victimes les enfants, les chiffres de l’OMS, Organisation Mondiale de la Santé, l’indiquent. Les enfants présentent de plus en plus de symptômes d’angoisse et de signes de dépression. Les rythmes scolaires ont changé. »

Mme Vera Dua, ministre des affaires sociales : « Mon intention n’est nullement de culpabiliser les parents qui cherchent une solution pour un enfant qui a des problèmes de concentration ou d’apprentissage. Mais nous devons bien constater que la pression scolaire sur les enfants croît sans cesse. Les enfants doivent bien écouter, ils doivent rester assis calmement, ils doivent s’inscrire dans notre système vantant les performances, si nécessaire avec l’aide de médicaments comme la Rilatine. Je trouve qu’il s’agit d’une évolution dangereuse. »

« Les cabinets des pédopsychiatres font le plein, six mois d’attente, pour une consultation en Flandre; alors que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes, la psychiatrie enfantine est en pleine expansion 20% des enfants ont un problème psychiatrique; le double qu’il y a dix ans. Un article du Standard mentionnait se problème. Son titre « les enfants sont de plus en plus contrôlés et médicalisés. »

« Un autre article de ce même journal, très récent puisqu’il date du 6 mai 2010, faisait référence au « burn out », terme employé pour parler de fatigue nerveuse et de stress qui se généralise dan les écoles néerlandophones.»

« DH lundi 23 /aout 2010 p4 :26 000 enfants sous amphétamines ,ils étaient 6 000 en 2004 et 26.560 aujourd’hui .Le nombre de jeunes qui se voient prescrire de la Rilatine ou du Concerta a quadruplé en quatre ans a peine parce que ayant des difficultés de concentration ou trop remuants . »

Toutes les analyses et enquêtes - qui sont aujourd’hui légion sur tous les aspects de la production et de l’hétérogénéité que doit avoir cette production des ressources humaines - font littéralement l’impasse sur toutes ces questions de santé et du bien-être de nos jeunes.
L’être humain n’est jamais abordé de façon intégrale, il nous paraît évident d’observer l’être humain globalement dans ses interactions sociales avec la vie; l’être humain s’exprime tout d’abord par sa motricité, puis par le verbe et in fine par l’écrit. Aujourd’hui, seul sa production écrite compte et a de valeur certificative au regard de notre société - pour son plus grand malheur. L’individu intégral n’est pas seulement un technicien polyvalent, c’est un individu qui aspire à une manifestation totale de soi. Limiter l’individu à sa production écrite est déjà un non-sens en soi, mais faire de cette production écrite un élément de division et de confrontation est parfaitement inhumain. Voila le sens de notre réflexion. Cette méthodologie (compétition, tri, sélection) incorporée dans le monde de l’éducation s’avère aller à contresens d’une pédagogie dite progressiste. Elle est également un des facteurs et une des causes majeures des maladies de santé mentale et physique de nos adolescents.

Albert Einstein : « La surcharges de l’esprit par le système des notes entrave la recherche et la transforme nécessairement en superficialité et absence de culture »

Albert Jacquard : « Les nombres servent à mesurer, quand on ne sait pas ce que l’on mesure, on s’abstient d’utiliser les nombres. »

Comme nous le laisse sous-entendre un des plus grands pédagogue de notre histoire Paulo Freire : l’éducation est toujours une action soit de domestication, soit d’émancipation. L’argument fondamental de la pédagogie de Freire est que l’oppression n’est ni un phénomène naturel, ni un état inévitable. Toute oppression est apprise et cela même au sein des institutions éducatives qui sont censées la combattre. La pédagogie, bancaire tel que décrite par Paulo Freire, celle qui empile les savoirs comme on empile des marchandises ou de l’argent à la banque. Formule toujours d’actualité dans nos écoles modernes où il faut accumuler un maximum de savoir sans que tout cela n’ait de sens pour qui que ce soit ni de rapport à la vie. Le but de cette accumulation est d’engranger un maximum de points, en évitant d’être prématurément trié, sélectionné ou relégué, bref une école déshumanisée. Comment s’affranchir des carcans idéologiques de l’école d’aujourd’hui pour regarder enfin les enfants dans les yeux et ouvrir les portes d’une école à taille humaine ou les rapports de force et le dialogue sont enfin équilibré. L’école de nos rêves est une école qui accepte l’erreur dans son processus pédagogique, qui ne la sanctionne pas et qui la voit plutôt comme un élément de plus pour la formation critique de l’apprentissage.
Tous les scientifiques connaissent l’erreur avant l’EUREKA j’ai trouvé.
Pourquoi ne pas l’accepter dans le processus d’apprentissage des enfants ?
Pourquoi éliminer d’office les enfants qui n’ont pas trouvé la bonne réponse au bon moment ?
Pourquoi agit-on avec autant d’inhumanité avec nos enfants ?

Jean-Pierre Terrail : « Pour éliminer la ségrégation négative, c'est-à-dire non-voulue, il faut préalablement éliminer les inégalités ; on doit admettre de lors, que la suppression radicale de la concurrence entre élèves est la premières condition sine qua non de toute entreprise de démocratisation scolaire. Sa réalisation implique la mise en place d’un véritable tronc commun jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire et porter celle-ci à 18 ans prendrait acte de la situation actuelle. Elle implique aussi la suppression de toutes les remédiassions pénalisantes : redoublement, enseignement spécialisé, classes de niveau, filières au profit de soutiens ponctuels dans telles ou telles matières. Les enseignants débarrassés des tâches de sélection seraient ainsi rendus à leur véritable mission de transmission des connaissances, et les jeunes pourraient apprendre autrement que sous pression permanente. »

Ce passage à une véritable école commune impliquerait d’évidence une rupture avec les modèles culturels antidémocratiques que nous avons profondément intégrés depuis deux ou trois générations.

Mixité sociale : le débat de trop

Osons un débat plus radical et moins consensuel sur la mixité sociale, le débat qui nous est proposé est chloroformé par un langage d’expert en statistique en courbe et en graphique. En somme un débat strictement réservé aux experts, dont l’impact positif sur le terrain est encore à démontrer. Une théorie comme celle qui nous est présentée et qui prétend tout expliquer en définitive n’explique rien. On peut définir cette notion si courtisée dans les milieux spécialisés comme un catalogue symbolique de réflexions pseudo-scientifiques généralisées à des données contingentes élevées abusivement au rang de concept.

Gerard Baudin, chercheur au CNRS soutient le fait que mixité sociale et mixité fonctionnelle ne sont pas deux catégories étanches l’une a l’autre. Par ailleurs, on verra que la distinction entre vertus supposées et postulats ou autres implicites, est parfois artificielle et relève en partie d’une commodité de présentation plutôt que d’une démarche heuristique.

Françoise Noel, chercheuse à l’ULB va dans le même sens. Pour elle la mixité sociale est une notion consensuelle et un concept valise, il n’y a pas, dit-t-elle de vrai contenu dans ce concept. De plus, précise-t-elle, les gens sont libres de vivre entre eux. On pense que la mixité sociale c’est la paix sociale en mélangeant des pauvres et des riches, on élève la dignité des pauvres. Ce modèle va permettre aux pauvres d’avoir des modèles à imiter. Ce sont donc des caractéristiques fortes avec beaucoup d’implicite. Pour un scientifique, il faut savoir si elles reposent sur du vrai démontrable. Or on le sait, dans nos sociétés, lorsque l’on met à proximité des pauvres et des riches, ça ne marche pas. »

Bref un concept réformiste sur la forme et très peu révolutionnaire sur le fond. Une notion qui part d’idée et de théorie jamais vérifiées nulle part ou du moins qui n’ont jamais fait leur preuve nulle part et qui devrait convenir à l’ensemble. En ce sens, cette forme de penser est assez intellectualiste. Elle part d’une idée théorique de bon sens commun empruntée aux anglo-saxons qui, paraît-il, doit faire l’unanimité et convenir à tout le monde mais qui a vraiment du mal à se réaliser dans le concret.

« La population américaine est de plus en plus diverse mais les communautés restent relativement peu mélangées. Le mythe de la fusion des populations ne résiste pas à l’analyse géographique et statistique. Nier l’importance des liens communautaire et ethnique est une aberration. »

Ce concept ne part pas de faits matériels de ce qui existe et vit dans les populations, cette notion - à dire vrai - ne prend pas position sur les inégalités, c’est-à-dire sur les réalités et les choses concrètes, sur ce que vivent réellement les populations mais sur des abstractions, des désirs et des concepts. Autrement dit, ce qui nous est proposé a l’apparence du progrès mais ce n’est pas du progrès.
Nous plaidons pour une approche et une vision matérialiste de la diversité et de la discrimination qui permettent de mettre en lumière les faits bruts de la discrimination tels qu’ils sont subis par les victimes, dans ce cas-ci les enfants et surtout l’organisation sociale systématique qui engendre la production de la dualisation et de la discrimination dans l’école.
Une approche matérialiste donc qui agace nombre d’experts et de conservateurs de la diversité, trop attachés à plaider le vivre ensemble et la tolérance - soit une approche « romantique » voir dans certains cas « néocoloniale » de la mixité sociale qui ne remet pas en cause l’ordre symbolique de notre société lequel assigne d’emblée les uns et les autres à des places déterminées.

Comme le précise Harris Sélod, chargés de recherche au IWRA, « la mixité sociale n’est la règle nulle part - même si on veut l’appliquer partout - tellement les villes sont stratifiées en opposant des quartiers riches et des quartiers moins aisés. »

La mixité sociale est malheureusement devenue le cheval de bataille de la cogestion, le dispositif incontournable de la régulation des tensions. Qui oserait encore remettre en question ce principe se ferait automatiquement exclure du débat. Pour nous cette notion est un recul extraordinaire par rapport aux revendications de justice sociale et par rapport au discours pour les droits égaux, pour la démocratisation de la réussite pour tous, contre le racisme, de meilleurs logements. La mixité sociale c’est en quelque sorte un trafic du langage organisé par nos experts. C’est une escroquerie et une corruption sociale du sens des mots. Ce qui nous est proposé est un modèle gestionnaire de celui existant et qui n’a aucune ambition de le transformer.
Osons un débat plus radical qui porte les revendications plus loin pour une vraie lutte des classes et pas pour des idées qui renforceront les idées établies et les préjugés. Il faut le dire clairement, le problème du manque de mixité sociale dans nos écoles publiques c’est masquer un conflit de classes en le transformant en un problème géographique. In fine pour s’attaquer aux vrais problèmes de la ségrégation, on ne doit pas se limiter à des revendication pour plus de lieux communs mais il faut se battre pour des revendication pour plus de droit communs.
La mixité sociale existe mais ce n’est pas le mélange des gens différents qui en est l’origine. C’est l’accès à tous et notamment aux plus défavorisés, à tous les droits existants, habitations collectives, l’accès à la culture, à la santé, aux loisirs, à l’éducation – c‘est-à-dire à la démocratisation de la réussite pour tous - à l’emploi et à un salaire décent. Plutôt que de culpabiliser toute personne qui contournerait dans sa ville, dans son quartier, dans son école, sur son palier un décret inefficace, il s’agit tout d’abord de militer pour une égalité sociale aux droits pour tous.

Où se cache la mixité sociale ?

A dire vrai on ne sait pas vraiment dans quel pays on a pu la rencontrer. Dans quelle école, dans quelle classe et dans quelle ville on a pu l’observer ? Tout ceci reste un vrai mystère. Il semblerait que cette mixité et été aperçue de-ci de-là et que ce serait mobilisée une armada d’experts à son sujet avec comme résultat des bribes d’expérience.

Pour le Professeur Franck Eckard : « Force est de constater que 30 ans de politique de la vile n’ont pas amené les résultats escomptés. » Pour le professeur Eckard « tenter d’influencer ou de modifier artificiellement la structures sociale d’un quartier par des mesures architecturales ne résout rien. »

La ségrégation est de tout temps et de toutes villes. Le poids communautaire culturel et social est omniprésent dans l’organisation sociale des gens, nier l’importance des liens communautaire est une aberration. On idéalise une société de la diversité alors que visiblement les gens s’organisent autrement. Cette ségrégation n’est pas forcement négative.

Pour le sociologue Américain Franklin Fasier : « La ségrégation permet au contraire de concentrer la demande des habitants noirs, de créer des entreprises, de soutenir des hommes politiques issus de leur groupe, alors que disséminer une population revient à vouloir l’affaiblir, notamment sur le plan politique. »

Pour quelle raison ceux qui sont familialement, socialement et nationalement proches ne chercheraient-ils pas à se rapprocher les uns des autres ? C’est un constat dans toutes les grandes capitales européennes, les populations se regroupent par communauté. Cette réalité ne doit pas nous effrayer, elle est parfaitement légitime et justifiable, voilà ce que nous disait un des plus grand pan africaniste sur ce sujet.

W.E.B DuBois : l’intelligentsia noire des Etats-Unis doit cesser de prendre la fuite dans le plus grand désordre dès qu’elle entend prononcer le mot « séparation ». L’opposition à la séparation raciale - ou ségrégation - n’est pas ou ne devrait pas être l’expression d’une réticence des gens de couleur à travailler les uns avec les autres, à coopérer les uns avec les autres, à vivre les uns avec les autres. L’opposition à la séparation est une opposition à la discrimination. L’expérience des Etats-Unis est que généralement lorsqu’il y a ségrégation, il y a discrimination raciale. Mais les deux choses ne vont pas nécessairement de pair. Et on ne devrait jamais s’opposer à la ségrégation, à moins que cette ségrégation ne signifie discrimination. Non seulement rien ne s’oppose à ce que des gens de couleur vivent aux cotés de gens de couleur dès lors que cela ne s’inscrive pas dans un contexte de discrimination, que les rues soient bien éclairées, qu’il y ait l’eau courante, que les égouts fonctionnent, que la sécurité publique soit bien assurée, et dès lors que quiconque le souhaite, quelle que soit sa couleur puisse s’installer dans le voisinage.
De même pour les écoles, rien ne s’oppose à ce qu’il y ait des écoles où les élèves sont de couleur et où les professeurs sont de couleur. Au contraire, les élèves de couleur sont des êtres humains qui peuvent tout à fait être aussi éveillés que n’importe quels autres enfants, et nous savons bien qu’il n’y a pas de meilleurs professeurs que des professeurs de couleur dès lors qu’ils sont convenablement formés. Mais si le fait qu’une école soit ainsi une école noire est une raison suffisante pour qu’on prête moins d’attention aux bâtiments, pour qu’il y ait moins d’équipements et de moins bons professeurs, alors oui, il y a quelque chose qui s’y oppose. Et ce quelque chose ne s’oppose pas à la couleur de peau des professeurs ou à celle des élèves, mais à la discrimination. »

Chercher le bon dosage géographique des populations est certes en vogue dans la politique urbaine, mais cette volonté est contredite constamment par la vie. De plus, partout où on a voulu imposer la mixité sociale, cela c’est pratiquement toujours terminé par un fiasco.

Au Danemark : relevé à la une du journal le Jylland Posten du 12 février 2010 : « Le plan ghetto instaurant la mixité sociale est un échec, les résultats ne sont pas à la hauteur des ambitions. »

La question qui se pose à nous est de savoir s’il faut déplacer les populations pour qu’il y ait plus de justice sociale, et là, tous les spécialistes nous disent que la justice sociale n’est pas une question architecturale mais une question d’équité et de droits, donc de discrimination face à ces droits. Si la question de la dualisation dans l’urbain, mais plus particulièrement dans le monde de l’éducation, est une question de discrimination, pourquoi alors nous proposer comme solution des quotas ?
Pausons la question différemment : nos enfants peuvent-ils réussir sans ces quotas ou ces quotas sont-ils indispensables à leur réussite ? Tous les spécialiste sont au moins du même avis sur ce sujet : ce n’est pas la concentration de population trop ou trop peu colorée qui pose le problème de la dualisation, tous les enfants colorés ou pas ont des capacités d’égale valeur, leurs patrimoines génétique et culturel n’et pas un frein à leur développement cognitif, c’est les discriminations scolaires sur ces populations qui créent la dualisation.

Des chercheurs du centre de l’évaluation et de l’efficacité de l’enseignement de la KU Leuven, le professeur Jan Van Damme et Jean-Pierre Verhaghe précisent que « les enfants ségrégés fonctionnent aussi bien que les autres, ce qui les empêchent d’avancer c’est les discriminations à l’intérieur de l’école. »

Le temps est un déterminant et une valeur de référence dans nos écoles comme dans l’industrie, alors que l’on sait que les apprentissages se structures lentement petit a petit et de nombreux retour en arrière son nécessaire’ se qui n’est plus possible dan nos école. Il faut produire toujours plus et toujours plus vite. Les structures, les espaces et les programmes sont organisés par ce temps contraint. Le temps est incorporé dans le processus d’apprentissage, les enfants qui pour des raisons multiples n’ont pas le bagage de base demandé par l’école, l’école n’aura pas le temps de le leur donner, trop occupée à organiser la compétition, les évaluations, le tri, la sélection. Les évaluations sont organisées comme des compétitions, une fois notées, il n’y a plus de retour en arrière possible. Une erreur et le futur de l’enfant est engagé dans un sens ou dans un autre. Les enfants doivent être dans le bon wagon, la pression est très forte et cela de plus en plus tôt et de plus en plus longtemps. Ce seront évidement les enfants les plus fragilisés et précarisés qui, globalement, dans cette course où il faut être bien préparé s’en sortiront le moins bien. La notation utilisée à l’école n’est pas neutre. Sa principale vocation, dans le système actuel, est le classement et la sélection. Une telle orientation ne peut que produire de l’échec, de la douleur et de l’impuissance chez les plus précarisés. En somme le modèle éducatif actuel est une entreprise de construction de discrimination.

Rousseau : « Oserais-je exposer ici la plus grande, la plus importante de toutes les règles en matière d’éducation, ce n’est pas de gagner du temps, c’est de perdre du temps avec les enfants »
Si nos enfants peuvent réussir normalement leur scolarité et aucune limitation génétique et culturelle ne le leur empêche, nous n’avons pas le droit de les prendre en otage d’une hypothétique mixité sociale. De plus, dans les quartiers qui subissent une ségrégation due à la discrimination, il y a souvent une mixité nationale impressionnante. Enormément de cultures se côtoient, voire une mixité de métiers : plombier, charpentier, soudeur, mécanicien, comptable, un milieu très hétérogène, la seule chose qui soit véritablement homogène dans les quartiers paupérisés c’est la précarité et les salaires. Il existe une solution contre cette discrimination : rehausser les salaires et les droits plutôt que de proposer des quotas.
Mélanger les cartes pour mieux les trier ensuite n’est pas la formule la plus appropriée pour éduquer nos enfants. La mixité ne se mesure pas seulement à la porte d’entrée mais aussi à la porte de sortie de l’école. Ce qui nous inquiète ce n’est pas qu’on veuille éclaircir des écoles foncées, c’est l’exclusion et le tri des enfants foncés, voire des enfants de la classe laborieuse. Le QI de nos enfants est parfaitement normal, aucune détermination biologique particulière ne limite leur développement cognitif. Nos enfants n’ont pas besoin d’être prisonniers d’un jeu de dames - un blanc, un noir - ni d’une politique de quotas - un tiers de blancs, un tiers de foncés, un tiers de noirs pour réussir. Il faudrait arrêter de prendre la couleur de la peau comme le déterminant de la dualisation dans nos écoles, là n’est pas le problème. Agir avec des solutions géographiques pour régler les problèmes de discrimination est un leur et une dispersion qui vont faire perdre beaucoup de temps, et mettre en danger des milliers d’enfants.

carlos perez

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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